L’ H.T.A. est une maladie fréquente et nous connaissons tous des personnes dans notre entourage atteintes par cette pathologie. Peut-être, nous-mêmes sommes-nous concernés et cela mérite d’en savoir un peu plus sur cette pathologie.

Nous allons essayer de répondre à plusieurs questions :

  1. A quoi correspond la tension artérielle et quelle est la définition de l’hypertension artérielle ?
  2. Comment mesurer notre tension artérielle ?
  3. Quelques chiffres concernant l’H.T.A.
  4. Quels sont les risques de l’H.T.A. ?
  5. Quelles sont les causes de l’H.T.A. ?
  6. Quels sont les symptômes dus à l’H.T.A. ?
  7. Comment traiter l’H.T.A. ?
  1. A quoi correspond la tension artérielle et quelle est la définition de l’hypertension artérielle ?

 La tension artérielle correspond à la pression du sang dans nos artères. Cette pression artérielle varie en fonction du cycle cardiaque : elle augmente au moment de la contraction du cœur (systole) qui chasse le sang dans le réseau artériel, puis baisse au moment où le cœur se remplit (diastole), pour à nouveau augmentée à la systole suivante etc…

  Cette pression du sang dans nos artères (tension artérielle) va dépendre de plusieurs facteurs :

  • De la qualité de la contraction cardiaque, ainsi lors d’un effort, le cœur se contractant avec plus de force, la tension artérielle va augmenter,
  • Du volume du sang dans notre réseau sanguin, ainsi en cas d’hémorragie, la tension artérielle (T.A.) va baisser en proportion de la diminution du volume sanguin (chez l’adulte le volume sanguin est de l’ordre de 5 litres),
  • De la résistance à l’écoulement du sang au niveau de nos artères, et plus particulièrement, au niveau des petites artères (artérioles), ainsi lorsque pour différentes raisons, le calibre de nos artérioles se rétrécit la T.A. va augmenter et, à l’inverse, lors d’une dilatation de ces artérioles, la T.A. va s’abaisser. C’est le cas, par exemple, lors d’un choc allergique où la libération de substances entrainant une brusque dilatation des artérioles va entrainer une baisse plus ou moins importante de la T.A. C’est également le cas lors d’une stimulation excessive du système nerveux parasympathique (vague) qui entraine une dilatation des petites artères pouvant entrainer un malaise vagal.

   Cette pression, exprimée en centimètre de mercure (cm de Hg), doit-être normalement, au repos, chez l’adulte, inférieure ou égale à 14 pour la T.A. systolique et inférieure ou égale à 9 pour la T.A. diastolique. 

   L’hypertension artérielle se définit donc tout simplement chez un adulte, au repos, par une tension artérielle supérieure à ces chiffres.

2.Comment mesurer notre tension artérielle (T.A.) ?

Les appareils utilisés permettent de mesurer la T.A. en comprimant et en décomprimant progressivement l’artère, le plus souvent au niveau du bras (artère humérale).

Cette mesure, sur laquelle on va se baser pour savoir si nous sommes normotendus ou hypertendus, doit s’effectuer au repos physique en position soit assise, soit couchée, mais également au repos psychologique, ce qui est moins simple à obtenir.

 Dès lors, 2 situations peuvent se présenter :

  • Soit la T.A. est égale ou inférieure à 14/9 cm de HG, et c’est parfait ;
  • Soit la T.A. est supérieure à ces chiffres et c’est là où les choses se compliquent un peu car nous avons bien compris que la T.A. est variable selon l’activité, le stress…  Est-ce que cette mesure reflète réellement ma T.A. ? Pour répondre à cette question très importante, car en fonction de cette réponse, nous serons considérés comme normotendus ou hypertendus, avec les conséquences qui en découlent, il faut donc multiplier les mesures de la T.A. et, pour cela, nous avons 2 possibilités :

▪ la règle des neuf qui consiste à prendre sa T.A. 3 jours de suite, à 2 moments de la journée (matin et soir) et à 3 reprises à chaque fois. Nous faisons la moyenne de ces 18 mesures pour avoir la valeur représentative de notre T.A.

▪ la « Mesure Ambulatoire de le Pression Artérielle » M.A.P.A., qui consiste à mettre en place un appareil au niveau du bras qui va automatiquement mesurer la T.A. pendant 24 heures, toutes les demi-heures. Nous aurons ainsi un reflet plus exact des valeurs de notre T.A.

 3.Quelques chiffres concernant l’H.T.A.

  • En France on estime qu’il y a environ 10 millions de personnes hypertendues.
  • Plus on avance en âge, plus on a de risque d’être hypertendu (50% des plus de 65 ans sont hypertendus).
  • Les femmes sont un plus touchées par cette maladie (55% des hypertendus sont des femmes).
  • 50% des patients ayant une H.T.A. ne sont pas diagnostiqués comme tels.
  • 50% des hypertendus diagnostiqués ne sont pas traités.
  • 50% des hypertendus traités le sont insuffisamment, c’est à dire que leur T.A. reste au-dessus des valeurs normales.
  • La majorité des hypertendus sont modérément hypertendus.
  • 46% des hypertendus ont également un excès de cholestérol sanguin.
  • 17% des hypertendus sont également atteints de diabète.
  • 12% des hypertendus sont fumeurs.

4.Quels sont les risques de l’H.T.A. ?

L’H.T.A. est un des facteurs de risque de développement de l’athérosclérose qui encrasse nos artères et qui est responsable essentiellement d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus du myocarde, d’artériopathie des membres inférieurs. Les autres facteurs de risque étant la sédentarité, le tabagisme, le diabète, l’excès de cholestérol, l’hérédité, l’âge et le stress.

Par ailleurs cette H.T.A. va retentir sur le fonctionnement du cœur, puisque celui-ci va devoir « pomper » à une pression élevée. Dans un premier temps, le ventricule gauche, qui est la cavité qui éjecte le sang dans les artères, va s’hypertrophier, puis va se dilater entrainant une insuffisance cardiaque ; de même, l’oreillette gauche va se dilater entrainant le risque d’arythmie, en particulier la fibrillation de l’oreillette (fibrillation auriculaire) avec ses conséquences propres. N’oublions pas que notre cœur se contracte environ 70 fois par minute, soit 4 200 fois par heure, soit encore près de 100 000 fois par 24 heures… et on comprend aisément que, s’il doit éjecter le sang à une pression plus forte, il va à plus ou moins long terme se « fatiguer ».

Enfin, l’excès de pression dans les petites artères va abîmer à terme ce réseau et, plus particulièrement, certains organes comme le cerveau, le rein, la rétine.

D’où l’importance de traiter cette H.T.A.

5.Quelles sont les causes de l’H.T.A. ?

   On a vu précédemment que l’H.T.A. est due essentiellement à une résistance anormalement élevée au niveau de l’écoulement du sang au niveau des artérioles. Mais quelle est la cause de cela ?

   Dans 95% des cas, on ne sait pas encore actuellement quelle est la cause de cette augmentation des résistances, on parle alors d’« H.T.A. essentielle». Dès lors, le traitement est purement symptomatique, c’est-à-dire consistant à faire baisser les chiffres de T.A. et nous verrons plus loin comment procéder.

    Dans les 5% des cas restant, l’H.T.A. est due à d’autres pathologies :

  • Maladies rénales,
  • Maladies des glandes surrénales (phéochromocytome, maladie de Conn, maladie de Cushing),
  • Certains médicaments peuvent être en cause comme les oestroprogestatifs,
  • Parfois la grossesse peut se compliquer d’H.T.A. (H.T.A. gravidique),
  • Très rarement, une consommation chronique et excessive de réglisse,
  • Parfois, une anomalie de l’aorte : rétrécissement du calibre de l’aorte après la crosse (coarctation aortique ou sténose de l’isthme de l’aorte).

Dans ces cas-là, le traitement de l’H.T.A. sera lié aux possibilités de traitement de la maladie causale.

6.Quels sont les symptômes dus à l’H.T.A. ?

  Dans la plupart des cas, et surtout quand l’H.T.A. est modérée et débutante, il n’y a aucun symptôme lié à l’H.T.A. C’est pourquoi l’H.T.A. fait partie de ce que l’on appelle les « tueurs silencieux », comme le diabète, l’excès de cholestérol. D’où l’importance du dépistage de ces « tueurs silencieux ».

  Dans quelques cas, l’H.T.A. peut entrainer des symptômes qui ne sont pas spécifiques de l’H.T.A. : céphalées, vertiges, bourdonnements d’oreilles (acouphènes), sensation de « mouches volantes » devant les yeux (phosphènes), épistaxis.

  C’est parfois à l’occasion d’une complication due à l’H.T.A. que cette maladie va être découverte : insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral, insuffisance rénale, toxémie gravidique.

7.Comment traiter l’H.T.A. ?

 Dans tous les cas, il convient, dans la mesure du possible, d’améliorer notre hygiène de vie, ce qui veut dire avoir une alimentation saine avec plus particulièrement une réduction de notre consommation de sel et avoir une activité physique régulière suffisante.

  Si nous avons d’autres facteurs de risque cardiovasculaire, il convient également de les prendre en compte et, autant que possible, les corriger.

  Lorsque, malgré une correction de notre hygiène de vie, l’H.T.A. persiste, il faudra associer un traitement médicamenteux, en s’assurant de la bonne tolérance et de l’efficacité de ce traitement. Différentes familles de médicaments peuvent être utilisées, parfois si nécessaire en association, et ce, bien entendu, sous le contrôle de votre médecin.

  Ces médicaments dont le but est de normaliser notre T.A. se répartissent actuellement en 6 familles :

  • Les diurétiques.
  • Les Bêtabloquants.
  • Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion.
  • Les inhibiteurs calciques.
  • Les antagonistes des récepteurs à l’angiotensine.
  • Les antihypertenseurs agissant sur le système nerveux central.

Le but étant bien sûr de normaliser les chiffres de la tension artérielle pour éviter les complications liées à cette pathologie.

Docteur Michel VIALLET

Cardiologue

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